L’UNGE mène un vaste chantier autour de la formation. En lien avec les ministère concernés, une réflexion prospective est en cours pour adapter la formation initiale aux mutations identifiées. Mais il s’agit aussi de mettre en place des outils pour accompagner les collaborateurs dans leur évolution, notamment à travers un accord-cadre pluriannuel entre l’Etat et Atlas, l’opérateur de compétences de la branche.
En 2022, la branche Fiiac, c’est:
• 1503 entreprises;
• 11433 salariés;
• 80% de l’activité de la branche repré sentée par des géomètres-experts, selon le code NAF;
• 33% de femmes;
• 90% de contrats en CDI.
(Source: Dares, Portrait statistique des branches professionnelles, juillet 2022, Traitement Atlas)
Un impératif : adapter l’offre de formation initiale
«Il est essentiel que le monde professionnel et le monde de l’enseignement soient liés.» Cécile Taffin, présidente de l’UNGE, estime qu’il y a sur ce point un enjeu important pour le syndicat, lequel doit être un interlocuteur de premier plan et peser sur l’adaptation de l’offre de formation initiale. Il s’agit d’indiquer à l’Education nationale quels sont les besoins identifiés en situation de travail, de sorte qu’ils soient intégrés aux socles de compétences des différentes formations. Toutefois, la modification des référentiels de formation peut prendre du temps et manquer d’agilité. De la même manière, l’adaptation de la formation initiale aux mutations identifiées ne peut donc pas être la réponse unique. Les jeunes acquerront les compétences du socle de base pendant leurs études… Cependant, une grande part de la formation devra se poursuivre en interne, dans les entreprises, sur les spécialités. Il s’agira, résume la présidente de l’Union, «d’embaucher des jeunes avec un socle solide, sur lequel les entreprises pourront construire. Compte tenu des mutations qui arrivent, ce sont des personnes qu’il faudra prendre, comprendre, adapter tout au long de leur emploi».
Régis Lambert, membre de la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNEFP), participant activement aux travaux de prospective engagés paritairement par la branche professionnelle (1) et très impliqué dans le champ de la formation et de l’emploi-formation au sein de l’UNGE, l’assure cependant: «L’existence de diplômes très identifiés est une force». D’autant que la profession comporte un effectif assez réduit, environ douze mille salariés. C’est chose rare dans ce cas de figure. L’UNGE, comme les autres acteurs et organisations de la branche, travaille depuis quelques années à la rénovation de ces diplômes. Le titre professionnel de technicien géomètre en cabinet a été révisé récemment, la rénovation du bac pro est pour ainsi dire achevée, les travaux sur le BTS démarreront prochainement, tout cela avec pour fil conducteur la recherche de cohérence dans les compétences attendues. S’il reconnaît que les résultats apparaîtront sur le temps long, Régis Lambert estime cependant que «ce n’est pas incompatible avec les mutations subies par la profession, lesquelles s’inscrivent dans une temporalité contenue». Le renouvellement des générations dans les entreprises de géomètres-experts va permettre l’arrivée de profils formés aux nouvelles technologies et aux mutations écologiques.
(1) La Commission paritaire nationale emploi et formation professionnelle (CPNEFP) est l’instance paritaire émanant de la branche Fiiac (filière ingénierie de l’immobilier, de l’aménagement et de la construction) pour les cabinets ou entreprises de géomètres-experts, géomètres-topographes, photogrammètres et experts fonciers…
Une montée en compétences dans l’entreprise
Mais l’enjeu de la formation concerne surtout l’évolution des salariés en poste. Aujourd’hui, au-delà de formations plutôt courtes, composées de modules de quelques jours, les structures réalisent de nombreuses formations en interne: il y a un sachant dans l’entreprise, qui sait former et qui va diffuser le savoir. Cependant, cette méthode, assez fréquente dans les petites entreprises, a pour inconvénient de ne pas être formalisée. L’un des projets de la branche consiste à lui donner un cadre, à la structurer autour d’outils pédagogiques à destination des sachants par exemple. La formation des tuteurs, pour «apprendre à apprendre», est également étudiée. L’idée est de déployer l’«action de formation en situation de travail» (AFEST), ce dispositif ayant vocation à certifier la formation suivie par le collaborateur en interne. Cela permettrait de maintenir un mode de formation largement adopté par les entreprises de géomètres-experts, tout en lui donnant un cadre plus précis et, surtout, en délivrant aux salariés une reconnaissance de leur montée en compétences.
D’autres questions se posent aujourd’hui, quant à la mise en place de modules de formation plus longs, sur des sujets complexes, par exemple. Cependant, dans le cadre de cette réflexion, il convient d’évaluer le volume d’activité représenté par ces nouvelles compétences, afin d’établir le nombre de personnes à former. Par exemple, déterminer s’il est plus judicieux de bâtir une formation plutôt que d’aller chercher des compétences ailleurs et les adapter aux besoins des géomètres-experts. Régis Lambert rappelle en effet que «la branche ne pourra pas supporter seule la création de formations sur des sujets complexes, qui concernent trop peu d’apprenants».
D’autres pistes de réflexion émergent donc, telles que la mutualisation de formations avec d’autres secteurs d’activité, proches de la profession. C’est concrètement le cas aujourd’hui avec les compétences de BIM modeleur ou BIM modeleuse (2). La branche a ainsi demandé à être intégrée au groupe de travail de la branche des bureaux d’études œuvrant à la rénovation du titre de «BIM modeleur en ingénierie», une démarche similaire étant engagée avec la branche de la construction et son titre de «BIM modeleur du bâtiment». L’objectif est de déterminer si certaines des compétences liées à ces titres pourraient répondre aux besoins des entreprises de la branche. Si c’était le cas, cette dernière pourrait alors s’affranchir de la création d’un nouvel outil de formation. Cette mutualisation, qui permettrait d’augmenter les flux, le nombre et la localisation des sessions, pérenniserait les formations et en faciliterait l’accès aux salariés.
Bien que la montée en compétences des salariés s’opère déjà dans les entreprises, les mutations attendues génèrent ainsi de nombreuses interrogations. C’est clairement un enjeu de l’«engagement de développement de l’emploi et des compétences».
(2) Le BIM modeleur ou la BIM modeleuse élabore une maquette 3D d’un projet de construction ou de rénovation de bâtiments ou d’infrastructures pour un plusieurs corps d’Etat.
Un « engagement de développement de l’emploi et des compétences »
Conscients que la compréhension des mutations technologiques et environnementales, la traduction de leurs impacts en matière de compétences et de besoins en emploi permettront de répondre à la demande de recrutement de la filière, les partenaires sociaux de la branche sont d’ores et déjà fortement engagés dans cette démarche.
L’Etat, représenté par le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, s’est ainsi porté garant d’un projet ambitieux en s’associant à la branche et à son opérateur de compétences, Atlas, pour la mise en œuvre d’un «engagement de développement de l’emploi et des compétences» (Edec). Jade Cacciarella, chargée de mission au sein de la Madec (1), affirme qu’«apporter un soutien sur les actions prospectives est un axe prioritaire pour la Dgefp, car les transitions écologique et numérique vont lourdement impacter l’ensemble des branches professionnelles». Cet accord-cadre pluriannuel a pour objectif, en premier lieu, de réaliser un diagnostic des besoins de montée en compétences des salariés, de même que des besoins en recrutement des structures.
La mise en oeuvre d’un plan d’actions concrètes permettra ensuite d’accompagner les entreprises de la branche dans leur recrutement, en favorisant l’attractivité des métiers auprès des jeunes notamment. Il s’agira aussi d’accompagner les salariés dans leur gestion de carrière, en favorisant l’évolution des compétences des collaborateurs en poste. Le recours à des certifications, expérimentations et formations innovantes devra permettre de maintenir durablement les salariés dans l’emploi. La profession a été associée à la première étape de l’Edec via un sondage et des entretiens directs.
Sécuriser, maintenir, développer l’emploi et les compétences dans un contexte de transformations sont les maîtres mots de cet engagement. Bruno Lucas, délégué général de la Dgefp, a ainsi déclaré que «les mutations économiques engendrées par les transitions écologique et numérique ont un impact important sur les besoins en emploi et en compétences de cette filière. Avec cet Edec, l’Etat joue pleinement son rôle en s’engageant auprès des partenaires sociaux pour permettre à la branche de mettre en œuvre les actions nécessaires afin de répondre à ses besoins de recrutement et de montée en compétences».
Pour concrétiser son action, l’Etat soutient le montant global du projet à hauteur de 33%.
(1) Mission anticipation et développement de l’emploi et des compétences, service de la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (Dgefp) du ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion).
Les chiffres de l’alternance
597 nouveaux alternants accueillis dans la branche en 2022, soit:
• 1048h de formations en moyenne;
• 23% de femmes;
• 39% sont au sein de TPE.
Retrouvez la suite du dossier sur ce lien.
Dossier rédigé par Mélanie Biville Bindelli pour l’UNGE.
Ont participé à la réalisation de ce dossier :
Cécile Taffin (présidente de l’UNGE), Régis Lambert (président d’honneur de l’UNGE et membre de la CPNEFP), Lise Najab (chargée des territoires et de la communication à l’UNGE).
Dossier publié dans le mensuel Géomètre n° 2221, février 2024